2023-2024
Air'Ô

Air'Ô : mesures participatives de la qualité de l'air à Belsunce et Noailles (Marseille)

Copie d'écran de la plateforme OpenAirMap qui affiche les mesures des capteurs de la qualité de l'air extérieur à Marseille.
Le projet en bref
Air'Ô est une expérimentation de métrologie participative de la qualité de l’air avec des habitants et des restaurateurs de Belsunce et Noailles, quartiers du centre-ville de Marseille.
DateS
Saison 1 : septembre 2023 à mars 2024
Saison 2 : mai 2024 à janvier 2025
L'écosystème
Atmosud, FNE PACA, AirCarto, Le jardin de Noailles
Les soutiens
Ce projet est rendu possible grâce au soutien de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence (DIAMS#2), de la Ville de Marseille et d'Atmosud (Capt'Air citoyen).
Logo des partenaires

Air’Ô est une expérimentation de mesure participative de la qualité de l’air avec des habitants et des professionnels (restaurateurs, médecins) de Belsunce, Noailles et La Belle de Mai, quartiers prioritaires du centre-ville de Marseille.

Ses finalités :

Questionner : L’introduction d’un dispositif technique de mesure de la qualité de l’air associé à un accompagnement et un suivi fort des participants :

  • Favorise-t-elle l’appropriation des enjeux complexes de la qualité de l’air ?
  • Influence-t-elle les comportements ?

Agir en favorisant :

  • L’appropriation profonde des enjeux de la qualité de l’air.
  • L’engagement des citoyen à long terme au niveau individuel de leurs comportements et à celui de l'intérêt général.

Le dispositif

Air'Ô saison 1 (2023) et saison 2 (2024)

La saison 1 et 2 de Air'Ô c'est...

11 foyers d’habitations et 20 habitants participants

3 restaurants, 5 patron.nes et salarié.es, 3 médecins de ville

Conception des outils d’enquête sociologique et d’accompagnement

25 entretiens individuels 

Un accompagnement individuel des participants 

Des réunions collectives

L'écosystème d'acteurs

Les partenaires de réalisation

Atmosud :

  • Qualification des capteurs de mesure de la qualité de l’air, analyse des données de mesures, élaboration du plan d’action.
  • Mise à disposition de capteurs : le projet bénéficie de prêts de capteurs open source dans le cadre du projet Capt’air Citoyen porté par Atmosud et la FNE PACA.

AirCarto SAS : Air citoyen travaille en étroite collaboration depuis trois ans avec Paul Vuarambon fondateur d’AirCarto SAS, entreprise qui conçoit et fabrique des capteurs de mesure de la qualité de l’air open source.

Jardin de Noailles : recrutement des habitants de Noailles.

Mindmap du projet Air'Ô
Capteur de la qualité de l'air exterieur (le NebuleAir d'AirCarto)
Méthode et outils

Capteurs et visualisation des données

Prêt de 2 à 3 capteurs qualifiés par Atmosud sur une durée de 4 mois à chaque participant : 

  • 1 Moduleair - qualité de l’air intérieur : CO2, COV, PM1, PM 2.5 et PM10
  • 1 Nebuleair - qualité de l’air extérieur : PM1, PM 2.5 et PM10
  • 1 Nexelec pour les restaurants : capteur intérieur sans écran mesurant plusieurs polluants dont des COV

Protocole de mesures :

  • Capteur extérieur : emplacement fixe
  • Capteur intérieur : incitation des participants à déplacer le Moduleair pour mener à bien les observations

Visualisation des données :

Accès à la plateforme de mesures OpenAirMap.

Méthode et outils

Accompagnement et enquête sociologique

Des entretiens individuels initiaux et finaux :

  • Evaluer les effets du projet sur l’appropriation des enjeux de la QA et la modification des pratiques au quotidien
  • Comprendre les freins et motivation à se mobiliser (dans les comportements, dans l’engagement collectif)

Des carnets d’observations et un groupe WhatsApp pour les inciter à faire des observations et expérimentations et à les partager

Des réunions collectives :

  • Tester l’apport de la réflexion collective dans l’appropriation de ces enjeux et l’acquisition de connaissance
  • Créer une dynamique collective entre les participants, apprendre par les pairs, renforcer la motivation individuelle
Projet Air'Ô 2024 : installation du capteur de l'air extérieur chez un participant

Les résultats de la saison 1 (2023)

Une forte participation

100% des participants ont été engagés tout au long du projet

Chaque étape du projet a été un moteur puissant de motivation à participer activement. 

Suivi individuel : les entretiens initiaux, menés avant la mise à disposition des capteurs, ont un effet d’engagement fort. Une des raisons : l’entretien est axé sur leur ressenti et leurs représentations de la qualité de l’air. 

Suivi collectif : les échanges WhatsApp et les réunions collectives suscitent le partage des pratiques et  l’apprentissage par les pairs.

L’originalité de la démarche, une source de motivation : les participants ont à plusieurs reprises évoqué le sentiment de participer à une expérimentation originale sur un sujet de santé majeur mais méconnue.

Retours d'expérience
Franchement, je ne suis pas du tout scientifique et ça m'a intéressée de participer à cette expérience collective. (Réunion collective du 2 novembre 2023)
J’y ai pal mal joué les premiers jours. Par exemple j’ai observé que je dégage du co2 et de l’humidité quand je fais du sport dans le salon fenêtres fermées !
J’ai observé que le petit épurateur d’air que j’ai acheté à Darty n’est pas vraiment un gadget, il fait baisser les PM et les COV.
Il est arrivé que le Modulair demande d’aérer alors que le Nebuleair est rouge. Dilemme !
Ces appareils sont entrés dans notre quotidien. Par exemple, on sait maintenant si on peut aérer côté rue.
Quand le restaurant nous envoie sa fumée le Nebuleair est rouge ou violet. À la fermeture le voyant redevient bleu. Mais la semaine dernière, on était dans le rouge 24h/24. La pollution ne venait donc pas (que) de lui.
Depuis une semaine, j’ai été surmenée et je n’ai pas fait d’expérience ni tenu le journal. 😕
Bon week-end ! (Message WhatsApp d'une participante)
Cahier d'observation d'un participant de Air Ô, projet de mesure participative de la qualité de l'air, un projet conçu par Air citoyen - octobre 2023

Une méthodologie propice à la créativité

Des effets de la cuisine aux spirales à moustiques en passant par l’occupation malencontreuse d’un Moduleair par des cafards,  les expérimentations et observations ont été multiples, souvent originales, et propices à une meilleure compréhension des nombreuses facettes de la qualité de l’air.

J’ai fait des petits plans à différents endroits dans l'appartement. C'est pour ça que j'aurais aimé avoir au moins 4 capteurs en même temps pour essayer de reproduire dans une pièce un peu les mêmes trucs à des temps différents. Le truc tout bête, c'est que j'ai fait plein de tests pour essayer de savoir qu'est-ce qui provoquait quoi. (Réunion collective du 2 novembre 2023)
La hauteur, c'est une question que je me suis posée. Du coup, j’ai posé le capteur à 60 cm du sol et puis je l'ai posé à 2m50. Je me suis aperçu que les COV et les PM, on s’en débarrassait pas de la même manière. Par exemple, avec le velux ouvert, les PM, ils bougeaient pas tant que ça, donc je me suis dit que c'était peut-être plus lourd et du coup qu’ils étaient plus en bas. (Réunion collective du 2 novembre 2023)

Une forte appropriation des enjeux de la qualité de l’air

Une appropriation profonde du sujet (deep learning)

Une concrétisation de la notion complexe de qualité de l’air et une prise de conscience de ses enjeux.

Acquisition de connaissances sur la QA et motivation à se documenter par soi-même et en groupe. La méthode alliant expérimentation individuelle, partage collectif et accompagnement par Air citoyen les a incités à  à acquérir des connaissances (auto-apprentissage, apprentissage par les pairs).

Une incitation par l’expérience à modifier ses pratiques

Les participants ont modifié leurs comportements au quotidien en particulier en aérant plus systématiquement leur logement.

Un engagement dans la durée

La majorité des participants souhaitent poursuivre le projet en tant que parrains des futurs participant d’Air’Ô 2024 (recrutement, suivi)

Retours d'expérience

Une expérience qui rend concrète la qualité de l’air

Ca m'a poussé à aller lire sur ce qu’étaient les PM. Le rapport à la vie quotidienne, je trouve que ça rend très concret, et ça donne un sens aussi au projet parce qu’on s'interroge très concrètement sur ce qu'est la qualité de l'air et sur à la fois les contraintes de l'extérieur et nous ce qu'on peut faire. (Réunion collective du 2 novembre 2023)

Effets de l’expérimentation sur les comportements

Lors de l’entretien initial, Eva hésitait à faire réparer le moteur du système de filtrage et d’extration d’air de son restaurant à cause du coût élevé de la réparation mais après avoir vu les premières mesures de la CO2 sur le Moduleair, elle a fait réparer le moteur dans la semaine.

Propositions pour la saison de Air’Ô 2024

(1) Une autre idée, si on veut attirer des gens. Ici ce soir, il y a eu une quantité d’information. On a envie encore de plus. Est-ce qu’on pourrait organiser une conférence ?
2) Nous, on peut faire le relais chacun d'un nouveau participant.

Un problème de pollution révélé par le projet

L’expérimentation de mesure participative a révélé une problématique inédite de pollution de l’air extérieur par des restaurants à grillade au charbon de bois.

Les capteurs extérieurs placé sur les façades à proximité des fenêtres de deux appartements enregistrent des taux régulièrement très élevés de particules fines, l’un rue Longue des capucins (Noailles), l’autre rue de la Fare (Belsunce). Les observations réalisées par les habitants (fumées, odeurs, heures d’ouverture/fermeture des restaurants à proximité) sont cohérentes avec les variations de particules fines. Mesures et observations indiquent donc  que ces pollutions proviennent des fumées des restaurants de grillades au charbon à proximité. Les taux de PM émis à proximité des habitations, ce pendant plusieurs heures en continu, exposent gravement la santé des habitants de ces deux foyers et des foyers environnants.

Vue du haut de la rue de La Fare à Marseille et des fumées qui sortent des cheminées des restaurantsVue aérienne de la rue de la Fare et toits des immeubles noircis par la fumées des restaurants à proximité
Analyse d’Atmosud : courbes des moyennes journalières des PM2.5 en saison chaude (capteurs Air’Ô et mesures des stations de référence d’Atmosud)
Analyse d’Atmosud : moyennes journalières des PM2.5 en saison chaude (capteurs Air’Ô et mesures des stations de référence d’Atmosud).
Les mesures des Nebuleair (qualité de l’air extérieur) des foyers d’habitation à proximité de restaurants de grillade à charbon de bois montrent que les habitants sont exposés à de forts taux de PM2.5 aux heures des déjeuners et surtout du dîner. Hors heures d’activités des restaurants, les taux de PM2.5 sont très proches des taux de la station de référence de 5 avenues.Le moduleair Lafare (qualité de l’air intérieur) du foyer le plus exposé suit les mêmes courbes de variations que le NebuleAair 070 du fait des fenêtres ouvertes pour rafraîchir le logement.
Les concentrations moyennes journalières du capteur situé rue de La Fare dépasse 75 % du temps (115 jours sur 153 jours de mesure) la valeur limite journalière à ne pas dépasser 35 jours par an.

Note technique d'Atmosud

Atmosud a édité une note technique issue de l’analyse des mesures de la qualité de l’air réalisées dans le cadre de Air’Ô qui a été transmise à la Ville de Marseille. La note conclut que : "Au regard de la configuration des rues de La Fare et Longue de Capucins, il est très probable que de nombreux logements ou établissements recevant du public de ce secteur, puissent être régulièrement exposés à des concentrations en particules fines très anormalement élevées. Il est à noter qu’un établissement sensible accueillant de jeunes enfants, la crèche Belsunce, est situé dans le bâtiment en face du foyer 1 dans la rue des Dominicaines, avec des espaces extérieurs à 40 mètres à vol d’oiseau du foyer 1. En fonction de sa configuration (orientation, étages, systèmes de ventilation...), il pourrait être également impacté par des concentrations atypiques en particules fines en lien avec les activités de restauration de proximité."

La suite du projet (saison 2 - 2024)

Air citoyen poursuit le projet avec de nouveaux participants des mêmes quartiers en 2024. Des médecins de ville participent à l'étude afin d'initier des projet avec les professionnels de santé. Nous poursuivons également l'enquête sur la pollution issues des fumées des restaurants. Les objectifs : tenter de mesurer combien d'habitants sont confrontés à des taux de pollutions au niveau local, mener des mesures de polluants spécifiques aux émanations de fumées de grillade, jouer le rôle de médiateur et passeur entre les habitants, Atmosud, la Ville de Marseille et les restaurants pour rechercher des solutions susceptibles de réduire sensiblement les effets nocifs de ces pollutions.

Documentation à télécharger

Bilan Air'Ô 2023

Note technique d'Atmosud

Envie de participer à l'aventure ?
Envie de partager votre expérience quotidienne ? de participer au projet ? ou simplement curieux d'en savoir plus ?
contactez-nous