Onze lycéens témoignent de leur perception des enjeux environnementaux et de leur appréhension de l'engagement citoyen.
Merci à Mira, Léonie, Océane, Ines, Aubain, Johanna, Sacha, Leila, Mina, Luna et Ines !
Par Magali Guyon
« L'écologie, c'est très important, surtout en ce moment avec les dérèglements climatiques qui arrivent, la montée des eaux et la pollution. Je trouve que c'est intéressant de savoir ce qu'on peut nous apporter sur l'air, ce qu'on peut savoir, comment l'améliorer. » (Aubain)
Si les onze lycéens que nous avons interviewés ont affirmé leur intérêt pour l’environnement, leur perception des enjeux et leur implication personnelle diffèrent grandement. Pour Mina, ce n’est « pas une préoccupation du quotidien, mais quand on en parle, forcément on s'en préoccupe parce que ça concerne tout le monde, et c'est important parce que c'est notre planète et il faut la préserver au maximum. » Pour Ines, cesser de se voiler la face et passer à l’action prime : « On devrait tous faire des gestes régulièrement pour la planète. C'est important que tout le monde s'en préoccupe un maximum chaque jour et ne pas faire comme si tout allait bien. » D’autres insistent sur leurs actions au quotidien : ramassage citoyen de déchets plastiques pour Léonie, achats responsables pour Johanna et Mira. A plusieurs reprises pendant l’atelier et lors de l’interview, Johanna exprime combien il est difficile d’agir au quotidien quand son entourage est très éloigné des enjeux écologiques. Pour elle, l’environnement « c’est hyper important ! Avec ma maman, on n'y prête pas trop attention, mais moi oui. J'aimerais bien convaincre ma mère. » Plus tard, elle souhaiterait faire comme « les gens qui n’utilisent pas de plastique, avec plein de pots, et être végétarienne aussi, ce sont mes projets. »
« On devrait tous faire des gestes régulièrement pour la planète. C'est important que tout le monde s'en préoccupe un maximum chaque jour et pas faire comme si tout allait bien. » (Ines)
Les onze entretiens témoignent de la grande diversité des thèmes environnementaux qui touchent les lycéens : eau, plastique, biodiversité, déforestation, déchets. Océane et Ines sont particulièrement sensibles à la souffrance animale causées par les activités humaines. Elles évoquent « le plastique parce qu’il finit dans les océans et après on retrouve des photos d’animaux emballés avec du plastique autour d'eux, et ça fait beaucoup de peine. » ou encore la déforestation qui privent les animaux de leur habitat naturel. Sacha, lui, s’inquiète des ressources en eau : « C'est quand même la ressource la plus importante qui puisse exister, si on commence à manquer d'eau, ça risque d'être très problématique. Je ne vais pas dire que je n’en dors pas la nuit mais c'est vrai que quand on m'en parle, ça me fait réfléchir. »
« Quand j'ai vu qu'on avait utilisé toutes les ressources de la terre en même pas un an et qu'il allait falloir des années pour que ça revienne, ça m'a choqué. Je me suis dit : quand même c'est chaud, c'est compliqué là, faut qu’on se réveille. » (Johanna)
Leur prise de conscience remonte le plus souvent aux dernières années du collège par le biais des émissions télévisées et les réseaux sociaux. Le rôle des images revient souvent dans leur témoignage. Luna a été choquée par celles des incendies de l’été dernier : « c’est quelque chose qui me touche énormément parce qu’il y a beaucoup d'animaux qui meurent, des villages qui sont délaissés. Ce qui me touche le plus, c’est de voir des images comme ça, des faits concrets. Ces informations, c'est sûr que ça nous rapporte beaucoup plus que juste d’en entendre parler. » Johanna se dit sensibilisée essentiellement par « la télé et surtout les réseaux sociaux parce qu'on voit des choses. Quand j'ai vu qu'on avait utilisé toutes les ressources de la terre en même pas un an et qu'il allait falloir des années pour que ça revienne, ça m'a choqué. Je me suis dit : quand même c'est chaud, c'est compliqué là, faut qu’on se réveille. »
Les interventions à l’école participent également de leur prise de conscience. « Dans mes anciennes écoles, j'essayais de faire des projets pour sensibiliser les jeunes. J'ai été éco-déléguée l'année dernière au collège. Et en primaire j'avais fait des jeux, on pouvait gagner un petit prix, c’étaient des graines à planter si on réussissait à trier » nous raconte Leila. Les Eco-day sont aussi un levier de mobilisation des lycéens. Ines nous explique qu’elle a participé l’année dernière à un atelier de jardinage qui lui a beaucoup plus et lui a donné envie d’être éco-déléguée de sa classe cette année, et d’ajouter : « du coup ça m'intéresse beaucoup plus l'écologie maintenant et je compte faire beaucoup de choses en tant qu’éco-déléguée. » Sa mission ? Participer à l’organisation des Eco-day et mener toute au long de l’année des actions au sein du lycée comme le tri des déchets.
Cette année, Mira s’est portée volontaire pour être Eco-day référente afin d’aider à l'organisation des événements de la journée. L’Eco-day est porté par des professeurs mais « c’est avant tout un projet centré sur ce que les élèves veulent faire pour inciter les autres à l'écologie. » Mira explique le cheminement de sa prise de conscience environnementale à son engagement : « le réchauffement climatique était dès le collège quelque chose de très actuel parce que ça se voyait, on voyait bien les conséquences, et c'est là que j'ai commencé à faire des actions, mais à une petite échelle comme consommer beaucoup moins de viande, acheter de préférence de seconde main, prendre les transports en commun. Et après, ça s'est transformé en actions sur une plus grande échelle : ramassage de déchets, clean-up, événements caritatifs. » Elle souligne qu’elle n’a jamais fait partie d'une association mais que ce pourrait être un projet pour les années à venir : « j'essaie de participer le plus possible à des initiatives écologiques, c'est un bon moyen d'être vraiment impliquée et de découvrir comment fonctionnent les associations et le bénévolat pour peut-être en faire partie moi-même plus tard. »
« L'environnement a surtout un côté social. Ça touche beaucoup les populations les plus pauvres. Par exemple dans cet atelier, on travaille sur la pollution de l'air et c'est vrai que c'est une chose qui touche énormément de gens, par exemple les pays en développement. » (Mira)
L’atelier sur la qualité de l’air a été pour tous un temps de réflexion et d’appropriation d’un sujet difficile à appréhender. Léonie, Océane et Ines « savaient déjà qu’il y avait beaucoup de pollution et que ça fait du CO 2 et le réchauffement climatique » et qu’ « il faudrait limiter les trajets en voiture ». Aubain est quant à lui très conscient que les sources de pollution sont issues des activités humaines : « ça peut être la pollution de tout, dès qu'on fait. Par exemple quand on mange ça pollue parce que la viande quand elle est créée, ça pollue. »
Johanna explique qu’avant l’atelier, elle ne s’intéressait pas à la qualité de l’air. « On ne m’en avait jamais parlé, on ne m'avait pas proposé de "voir" cette chose. J’ai découvert avec l’atelier qu’il y avait deux types de pollution, la pollution atmosphérique au-dessus et la pollution de l’air que l’on respire, ça je n’étais même pas au courant. » Pour Aubain, participer à cette journée faisait sens « parce que l'écologie c'est très important, surtout en ce moment avec les dérèglements climatiques qui arrivent, la montée des eaux et la pollution. Je trouve que c'est intéressant de savoir ce qu'on peut nous apporter sur l'air, ce qu'on peut savoir, comment l'améliorer. » Mira relie la qualité de l’air à l’impact sociétal des dérèglements environnementaux : « l’environnement a surtout un côté social. Ça touche beaucoup les populations les plus pauvres. Par exemple dans cet atelier, on travaille sur la pollution de l'air et c'est vrai que c'est une chose qui touche énormément de gens, par exemple les pays en développement, et du coup c'est une thématique sur laquelle j'aimerais pouvoir travailler et que j'aimerais pouvoir améliorer, si c'est possible. »
Mira : « L’air, c'est la chose la plus présente dans notre vie c'est ce qui nous entoure constamment sans qu’on en soit conscient. »
Léonie : « L'air c'est à la fois ce qu’on respire et ce qui permet la photosynthèse. »
Leila : « C'est la raison grâce à laquelle on vit, sans air, on ne serait pas vivant tout simplement. »
Sacha : « On inspire et on expire et c'est quelque chose qu'on fera jusqu'à notre mort et donc c'est sûr que sans air on ne peut pas vivre. »
Aubain : « L’air c’est ce qu’on respire. Il y a plusieurs choses dans l'air : l'azote, le dioxyde, le carbone et le dioxygène aussi. »
Mina, Luna, Ines :
« L'air ? C’est dur à définir ! »
« C'est ce qui nous permet de vivre en quelque sorte, c’est qu'on respire. En fait, on a un peu l'impression que l'air ce n'est pas quelque chose de concret parce que ce n'est pas quelque chose de matériel. Enfin, je n'arrive à savoir si on peut le définir comme quelque chose de matériel… »
« On ne peut pas trop le toucher et en même temps on est entouré dedans, c'est un peu comme si on était dans un bain d'air. »
Les mesures de particules fines PM10, PM2.5 et PM1 ont été réalisées avec le capteur Picture de DIAMS qui intègre un capteur Next PM. Les données et les cartes sont issues de l'application Airmap360 d'Atmosud.
Légende
Mesures des particules fines PM10
Le kit pédagogique proposé par AirCarto permet d’aborder simplement l’électronique et la mesure de la qualité de l’air. Le kit est composé d’une batterie, un Arduino Uno, un capteur de particules fines et un écran. Les participants sont invités à effectuer les branchements pour alimenter les différents composants et construire ainsi leur premier capteur de pollution de l’air. Il est aussi possible d’aborder la programmation en C++ en connectant le l’Arduino à un ordinateur pour en modifier le code source. De nombreux tutoriels sont disponibles sur le site aircarto.fr.
Lors des échanges avec les lycéens, nous avons utilisé le kit pédagogique réalisé par l'association l'Air et moi. Merci à toute leur équipe pour cette mise à disposition gratuite de leurs précieuses ressources !
La carte et le graphique ci-dessus représentent les mesures de la qualité de l’air qui ont été effectuée par les élèves le jour de l'atelier. Elles ont été effectuées dans la salle de classe ainsi qu’à l’extérieur du bâtiment, dans la cour et le stade du lycée. La couleur bleue des points de mesure montre que la qualité de l’air était plutôt bonne. Malgré la proximité avec les voies de chemin de fer et le passage des trains qui auraient pu dégager de la poussière, les mesures en particules fines et notamment en PM10 (particules fines inférieures à 10 micromètres) sont inférieur au seuil d’alerte puisqu’en dessous de 20 microgrammes par mètre cube.
Vous remarquerez cependant un « pic » de pollution sur le graphique. Celui-ci correspond à une expérimentation que nous avons mené avec les capteurs dans la salle de classe : les élèves ont en effet « simulé » une tempête de pollution en secouant leurs vêtements pour remettre en suspension dans l’air les poussières pris dans les fibres de leurs habits. Les capteurs ont donc mesuré la quantité de poussières présentes dans l’air lors de cet exercice, et les appareils ont affiché des concentrations dépassant les 150 microgrammes par mètre cubes. Dans ces conditions, l’air est considéré comme « extrêmement mauvais ». Il faut noter toutefois qu’il s’agit là d’un événement très bref (quelques minutes) or les seuils de taux de particules fines qui indiquent les niveaux de pollution de l’air sont à interpréter sur une moyenne journalière. En effet, la durée d’exposition est un critère fondamental pour qualifier la qualité de l’air. Un pic de pollution de quelques minutes aura un impact négligeable sur notre santé. Autrement dit, la qualité de l’air serait réellement mauvaise si les mesures étaient supérieures à 150 microgrammes par mètre cubes sur l’ensemble de la journée.