Projection le 26 septembre 2024 à 19h en présence du réalisateur Antoine Capliez à la Compagnie 19 rue Francis de Pressensé, 13001 Marseille.
La projection de 30 mn est suivie d’un débat avec Magali Guyon et les participants du projet Air Ô.
Un jour, Magali découvre de la poussière noire qui jonche les meubles et le sol de son appartement de Belsunce à Marseille. C’en est trop ! Équipée de capteurs, elle se lance dans une expérience pour faire réagir les habitants et les politiques au problème de la pollution de l’air. L'association Air citoyen est née ! En 4 épisodes, Les Capteurs nous plonge dans l’aventure de ce projet et soulève des questions sur l'engagement environnemental citoyen. Et si nous étions tous des capteurs ?
La série Les Capteurs a bénéficié d’une coproduction très particulière. En effet, chaque année l’école supérieure Les Ateliers de l’Image et du Son (AIS) de Marseille fait appel à des réalisateurs de la région pour proposer un projet. Elle met ensuite à disposition les moyens techniques et ses étudiants techniciens en deuxième année de BTS audiovisuel. A la fin de l’année, chaque élève défend son travail devant le jury national des BTS, avec comme but d’obtenir leur diplôme. Plus qu’un travail de fin d’étude, il s’agit d’une véritable confrontation avec les exigences d’un tournage professionnel.
Comment vous est venu l'idée de créer Air citoyen ?
La création d’Air citoyen, c’est un retour vers un engagement politique qui remonte à mon adolescence. En 1989, j’ai 17 ans, nous nous présentons avec des amis aux élections municipales d’Orsay ; non affiliés, nous avons créé le MOI, le Mouvement Orcéen Indépendant. 13,5% de vote au 2eme tour, un siège ! Mais notre parole d’un seul élu au conseil ne pèse pas lourd et éveille mes premiers questionnements sur nos institutions démocratiques.
En 2003, je m’installe à Marseille et crée l’entreprise digitale Fiat Lux, j’enseigne en parallèle dans des grandes écoles la communication et la médiation culturelle à l’IEP de Lyon, HEC, INA. J’habite Belsunce, un quartier marqué par la précarité au cœur de Marseille entre la Gare Saint-Charles et le Vieux-Port. Je m’engage en parallèle auprès de collectifs d’aide aux mineurs isolés.
Les années passent, le sens de mes activités professionnelles s’émousse. Mars 2020, le monde se met en suspens. Et là, du haut de mon balcon, j’imagine Air citoyen, une association qui donnerait à entendre le vécu des habitants, une association qui questionnerait les moyens de l’engagement environnemental et social citoyen. L’air, cet élément insaisissable mais hautement mortel quand il est pollué ne connaît pas les frontières. Contrer la pollution de l’air nécessite d’agir collectivement et de modifier nos modes de consommation, nos besoins, nos relations. Alors, Air citoyen pourrait-il jouer un rôle de médiateur, acteur agissant, grain de sable qui fait bouger les rouages ?
Magali, l’héroïne de la série documentaire Les Capteurs, a un avis que je partage. C’est d’ailleurs, cette idée qui traverse toute la série. Sommes-nous sensibles aux messages environnementaux des autorités ? Bruxelles ou l’OMS ont raison de nous sensibiliser sur les problématiques autour de la qualité de l’air mais pourquoi le citoyen s’en empare-t-il si peu alors que sa santé est en danger ? Tout simplement parce que ces préconisations sont perçues comme des ordres venant du haut et cela a finalement peu d’impact. Le citoyen peut entendre mais il a surtout besoin de se faire sa propre idée tout seul. Il s’empare ainsi des solutions. Au tour des instances publiques de les écouter !
Air’Ô est une expérimentation de mesure participative de la qualité de l’air avec des habitants et des professionnels (restaurateurs, médecins) de Belsunce, Noailles et La Belle de Mai, quartiers prioritaires du centre-ville de Marseille.